Naissance du nationalisme français




I. La IIIème République: rappels historiques

Après la chute de la monarchie française, la France a expérimenté en quatre-vingt ans sept régimes politiques: trois monarchies constitutionnelles, deux républiques et deux Empires. Elle née, suite à la défaite des armées de Napoléon III à Sedan en 1870, et de la proclamation de la République par Gambetta. Le sort des ses institutions n’est pas fixé au départ: nombre de français espèrent encore une restauration monarchique, et la constitution a été établie envue de cette restauration. Cependant, la république est établie de fait par l’amendement de la constitution de 1875, et elle durera jusqu’au 10 juillet 1940 (vote des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain), jusque ici de tous les régimes qu’à connus la France depuis la Révolution de 1789 c’est incontestablement le plus long. Puis la Première Guerre Mondiale renforce sa légitimité, et l'associant à la Patrie.

Une époque où la République s’ancre véritablement dans les mentalités jusqu’à ne plus pouvoir en sortir, comme c’est encore le cas aujourd’hui. Une période où l’on peut percevoir de manière manifeste les méfaits d’un régime républicain issu des idéaux de 1789 :

--> Régimes parlementaires, régimes des partis et grande instabilité ministérielle.
 - L'impuissance du régime parlementaire à empêcher la guerre de 1939, puis ses décisions qui ont menées au désastre de 1940, prouve l'impossible fonctionnement d'un régime divisé et diviseur.


--> Mise en oeuvre des idéaux révolutionnaires:
 - 1905, loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat (résultat, persécution contre les ordres religieux, déchristianisation importante)
 - L’école laïque, gratuite et obligatoire de Jules Ferry
 - Colonisation «de gauche» pour exporter les idéaux de la France revolutionnaire.

--> Méfait du capitalisme: crise mondiale de 1929, accompagnée de multiples scandales politico-financiers
 - Exemple de l' affaire Stavisky

--> Choc des grandes idéologies :
 - 1917, révolution d’octobre, création de la SFIO en France, tous se détache du PCF au congrès de Tours de 1920, la gauche monte en puissance. Cartel des Gauches,1924. 1926, Front Populaire de Léon Blum
1936-1938.
 - Emergence du fascisme, national-socialisme, guerre d’Espagne. En France, un courant de remise en cause de la société que l’on appelé l’esprit des années 1930, antiparlementariste, contestation du matérialisme, etc.



II Naissance et Histoire du Nationalisme de droite

En 1870, la droite nationale pourrait se définir par quatre objectifs : elle était monarchiste, contre-revolutionnaire, catholique, et légitimiste. Il y a une complexification sous la IIIème République par un processus de subdivision. Des divergences profondes apparaissent au sein de la famille de pensée qui se constitue, mais tous adhèrent à un triptyque de valeurs: Travail, Autorité, Patrie, plus concrête et charnelle que Liberté Egalité Fraternité.

Les légitimistes qui vivent leurs dernières heures de gloire et leurs deniers grands combat pour la conquête du pouvoir. Quatre cents députés légitimistes à l’assemblée de 1871. Forte représentation dans la presse. Mais suite aux échecs répétés de la restauration, le groupe des légitimiste se fractionne et s’affaiblit. En 1883, le Comte de Chambort meurt sans héritier, mettant un terme aux espérances.

--> L’agitation nationaliste

Affaire Dreyfus, quand le patriotisme passe à droite et le nationalisme se fait plus offensif.

La Ligue des Patriotes de Paul Déroulède illustre parfaitement le transfert de la gauche à la droite des valeurs patriotiques, puisqu'elle est d’abord une organisation de gauche composée de républicains patriotes :  «L’organisation patriotique du pays par le livre, la gymnastique et le tir». Mais il est rapidement laché par la Republique qui se caractérise alors par son opportunisme et son affairisme (la LDP passe à droite). Soutien au boulangisme puis activisme anti-dreyfusard: Déroulède devient l’ennemi numéro un du régime mais le personnage le plus populaire de la droite national.

--> le boulangisme (années 1880), la tentative de conquête du pouvoir par le général Boulanger, républicain patriote plus ou moins allié avec les légitimistes et qui jouit d’une énorme popularité, mais qui abandonne au dernier moment et finit par se suicider sur la tombe de sa maitresse.

--> l’agitation dans la rue culmine en 1899 par le coup d’Etat manqué de Déroulède, manifestation d’Auteuil, nouveau complot de Déroulède.

--> Dans un registre plus intellectuel, création de 1898, de la ligue de la Patrie française par des professeurs et des académiciens énarques (Maurice Barrès) pour s’affirmer face aux intellectuels dreyfusards. Conservatrice et nationaliste, elle occupe en 1900 la première place des mouvements nationalistes avec ses 40 000 membres essentiellement parisiens et ses réunions qui attirent entre 2000 et 5000 personnes. Mais elle patît de son manque d’organisation, de sa faiblesse doctrinale et son modératisme et meurt avec son fondateur.

-->1898 - 1899 création de l’Action Française par Henri Vaugeois, Maurice Pujo et Charles Maurras. L’Action Française est d’abord un journal avec une grande diversité d’origine de ses membres qui viennent souvent de la tendance radicale, de l’anarchisme à la mouvance bonapartiste, etc. Tous se posent la question de savoir qu’elle est le meilleur régime pour la France. Maurras en 1899 affirme qu’il tient «la doctrine républicain pour absurde et puéril, le fait républicain pour le dernier degré de la décadence française, cause et effet de notre abaissement.» En 1900, il publie son Enquête sur la Monarchie. En 1903, tous les membres de l'Action Française sont devenus royalistes: seul le régime monarchique pourrait apporter une conclusion logique à une recherche sérieusede l’ordre et de la stabilité. Après un net renouveau du nationalisme au sein de la jeunesse. 1905, création des étudiants d’Action Française qui donnent son élan au combat nationaliste dans les facultés.

1908, création des camelots du Roi, en quelques sorte la milice de l’AF, début XX «vive le roi» est le cri de ralliement le plus entendu au quartier latin. Les batailles rangées se succèdent lors des défilés en l' honneur de Sainte Jeanne D’Arc.
L’Action Française continue de gagner du terrain jusqu'à la condamnation pontificale en 1926.

III Premiers théoriciens

A - Edouard Drumont

Auteur de cinq volumes intitulés «Etudes psychologiques et sociales» où il adresse le bilan de la III ème Republique, une oeuvre qui allait susciter un puissant mouvement d’opinion d’où sortirait le nationalisme «moderne». Son oeuvre est tout entière axée sur un sursaut passionnel devant ce qu’il a appelé lui même «la fin d’un monde», et prend en grande partie la forme d’une réaction antisémite. Mais derrière cette façade très marquée ce que Drumont c’était la malfaisance du libéralisme économique au sein d’une démocratie libérale. Il observait que dans une société inorganique, une économie tout aussi inorganique ne pouvait qu’engendrer tous les excès du capitalisme de spéculation et bouleverser profondèment la société traditionelle. Malgré son pessimisme foncier il emploie une méthode juste qui prendra sa forme définitive avec Maurras sous le nom d’empirisme organisateur. Il oppose à l’individualisme les lois de l’hérédité et de la race. C’est également lui qui emploie le premier dans son journal la libre parole l’expression «national-socialiste» et son oeuvre esquisse déjà la synthèse du national et du social qui va être la grande caractéristique des révolutions nationales du XXe siècle.

B. Maurice Barrès

Barrès est avant tient un écrivain. Auteur notamment d’une trilogie de romans qu’il a intitulés roman de l’énergie nationale. Il insiste énormément sur la race qui selon lui détermine la personnalité et la vie des individus. Il donne un sens nouveau au terme de nationalisme en affirmant que le nationalisme est l’acceptation d’un déterminisme, de lois fixées par la nature à laquelle l’homme ne peut échapper. Il s’aperçoit que l’homme abstrait selon la raison et les droits de l’homme n’existe pas, et que tout individu arraché à sa tradition et déraciné ne pourra pas accomplir sa vocation, ce à quoi il était appelé dans son oeuvre et dans son temps.

Barrès pousse cette idée très loin et devient même quelque peu excessif lorsqu’il affirme par exemple que «nous ne sommes pas les maîtres des pensées qui naissent en nous» et qu’il n’y a pas d’idées personnelles.» Mais il voit tout de même très juste en observant qu’il n’y a pas d’individu véritable sans le support de la collectivité.
Il insiste également sur l’union du social et du national. Tout la réalisation passe selon lui par la restauration des corporations.
Dès sa naissance, le nationalisme lie sa conception sociale à celle des corporations.

Il accorde peu d’importance aux institutions et reste républicain et démocrate, parce qu’il compte davantage sur le réveil des puissances pour donner à la République une majorité nationaliste, à l’inverse de Maurras qui affirme avec force la primauté des institutions et de la politique.


C. Maurras

Il s’affirme comme le tenant du nationalisme intégral. Novembre 1899, l’Action Française publie un manifeste en quatre points qui concit les idées mères et les principes générateurs du mouvement.

--> La société est absolument nécessaire à l’individu, et tout péril social à de grandes conséquences sur l’individu.

--> De toute les formes sociales, la plus solide, la plus complète et la plus étendue et la nationalité. Depuis la «dissolution» de la chrétienté du Moyen-Âge, la nationalité reste la condition rigoureuse et absolue de toute humanité. Les relations internationales dépendent du maintien des nationalités. Le nationalisme n’est pas pour lui qu’une affaire de sentiment, mais il le considère comme une obligation rationnelle et mathématique.

--> Entre français, toutes les questions pertinantes et tous les problèmes diviseurs doivent être coordonnées et résolus par rapport à la nation.

--> Le devoir des français conscients de ces vérités est aujourd’hui de les formuler aussi publiquement et aussi souvent que possible afin d’y ramener leur compatriotes.

En bas la République, en haut la royauté, et, par delà tous les espaces, la papauté.
Nécessité de l’inégalité, nerf du progrès.

Maurras va au-delà du nationalisme. Chrétienté. Fragilité de la communauté nationale

--> Vue société organique, hierarchisée, protégée au sommet par un pouvoir indépendant de la nation quoique fondu en elle.